Takamatsu Sora → Tegoshi Yuya

Tokyo, Japon. C’est là qu’il a poussé ses premiers cris, le “petit prince”, comme aime le surnommer sa mère. Une mère pourtant particulièrement absente dans son éducation. Comme toutes les mères de la dynastie impériale. Oh il n’est pas destiné à devenir quelqu’un d’important, il n’est que le l’arrière-petit-fils du prince Takamatsu. Il n’a pas de titre lui, et pourtant, on attend tellement de sa petite personne. Elevé par une gouvernante, enfermé dans les études et les bonnes manières dès son plus jeune âge. Il grandit comme un vrai petit prince, cousin après tout, des successeurs de la couronne impériale. Il fréquente des écoles privées, pour garçons uniquement. Les seules filles qu’il croise, se sont ses cousines, ses tantes, sa mère, et ses gouvernantes.  

Dans la famille royale, chacun à sa spécialité, et se doit de devenir l’un des plus grands en la matière. Mais Sora lui, sa passion, à 5 ans, c’est le football. Comment pourrait-il s’intéresser à autre chose, à un si jeune âge ? On espère l’entendre dire, “quand je serais grand, je serais médecin, ministre, avocat, ambassadeur”. Mais lui, il s’entête à répéter, qu’il jouera au football. Ça fini par énerver son grand-père. Qui s’en prend à sa mère, comme quoi, elle n’a même pas réussi à élever convenablement son petit-fils (Qui n’a que 5 ans.) Il comprend, même haut comme trois pommes, qu’il a fait beaucoup de peine à sa maman. Ce jour-là, fatiguée et brisée, elle lui met une gifle. La seule de toute une vie. Plus jamais il n’aura prononcé, devant son grand-père, ou sa mère, le mot football. Pour la première fois de sa petite vie, il comprenait. Il n’est pas n’importe qui, et quand on n’est pas n’importe qui, on ne peut pas faire n’importe quoi. Il était jeune, mais il avait bien saisie. Même si ses ambitions se résumaient à devenir ramasseur de sacs poubelle, ou nettoyeur de gashapon, jamais il ne pourrait le devenir. On attendait beaucoup plus de sa frimousse.  

Alors, pour ne plus jamais décevoir sa mère, il travaille dur à l’école. C’est difficile pour lui, parce qu’il se déconcentre facilement. Il a le ricanement facile. Il bavarde trop en classe. Il décroche facilement, si ses yeux se posent sur un nuage en forme de Pikachu dans le ciel. Il rêvasse, il est un peu à l’Ouest. Ça exaspère ses professeurs, habitués à bien plus de sérieux de la part des membres de la dynastie. Mais il est comme ça Sora. C’est “une personne rare” comme le définissent certain de ses amis. Il parvient tout de même à décrocher de bons résultats avec un peu d’acharnement. Il est bon en sport, il gagne des points par là. Et puis il grandit, paisiblement. Presque normalement, si ce n’est que son temps libre est occupé par bien des obligations familiales. A peine 14 ans, et déjà il doit s’investir dans des associations caritatives, faire bonne figure. Il s’y pli, un certain temps. Il est le “petit prince” au sourire charmant. Il devient la fierté de sa mère. Mais il étouffe. Tout ça, ce n’est pas lui. Et un jour, le réveille est difficile.

Il a 17 ans. Il rencontre Kiichi lors d’une rencontre interscolaire. Une jeune fille pleine de douceur, sage, au sourire hypnotisant. C’est la première fois que son cœur bat comme ça. Que ses mains sont aussi moites. Des filles, il n’en n’a pas assez fréquenté après tout. Les seules qu’il peut vraiment admirer, ce sont les Morning Musume, quand elles passent à la télévision (Et dieu seul sait qu’il les aime!). Mais Kiichi elle, est bien réelle. Il peut sentir son parfum, qui frôle ses narines quand elle laisse virevolter ses cheveux non loin de son visage. C’est électrisant entre eux, immédiatement. Elle est son premier baiser, ses premières promenades main dans la main. Il est amoureux, il le comprend assez vite. Et c’est réciproque. Ils ont déjà bien des projets tous les deux, ils en sont sûrs, le jour de leurs 21 ans, ils se marieront. Mais sa mère ne le voit pas du même œil. Kiichi n’est pas issue d’une lignée importante. Sa famille n’est pas si aisée, et sans le moindre rang. Alors elle fait tout pour les éloigner. Mensonges, manipulations. Elle fait fuir Kiichi, qui délaisse Sora sans plus d’explication. C’est la sonnerie du réveille.  

Il a 18 ans maintenant. Et le cœur brisé, les yeux embuées de larme, il en veut au monde entier. Pourquoi ne peut-il pas être n’importe qui ? Pouvoir laisser son cœur choisir celle qui marchera à ses côtés ? Il est en colère, ses poings son serrés, il casse tout ce qui lui tombe sous la main, dans sa chambre. Il étouffe. Alors il prend la porte, et décide de s’émanciper. Petit à petit, il se rebelle, il n’écoute plus ce qu’on lui dit. Il monte le son de sa musique dans sa chambre. Les cds des Morning Musume ont laissé place à des artistes plus sombres, plus alternatifs, tout ce que déteste la famille. Il fout le bordel jusqu’à tard dans la nuit, il sort, avec des gens peu fréquentables pour son rang. Il se fait percer les oreilles, il revient un jour les cheveux blonds. Puis des jeans troués, des vestes en cuir. Son grand-père se meurt de honte, sa mère l’éclipse des sorties mondaines. Comme s’il était un boulet, ou une honte à traîner derrière soi. Peut-être que d’un côté, il en souffre, il n’y a plus cette étincelle de fierté dans les yeux de sa mère, quand elle pose son regard sur lui. Mais au moins, il respire. Il est lui-même. Il devient le vrai Sora. Ce gamin plein de vie, qui aime trainer dans les rues après minuit. Qui sautille dans les marches, deux par deux. Qui chantonne à tue-tête, dans une très jolie voix. Son cœur se recolle, il se façonne, il devient quelqu’un. Pas celui qu’on espérait, mais celui qu’il a toujours été.  

Il suit encore les ordres oui, sur certains points, là où il n’en n’a pas le choix. Comme les études. Il ne peut pas prendre le risque qu’on lui coupe les vivres, après tout, pour mener sa vie d’oiseau de nuit, il a besoin de billets verts. Il n’a toujours pas de grandes ambitions, mais il fait tout comme. Il s’engage dans des études d’économie à Todai, tout en travaillant son coup de crayon. Car il s’intéresse à la mode maintenant. Il ne l’avouera jamais devant sa famille, il ne veut pas se faire gifler une seconde fois. Mais il y travaille dur. Si dur, qu’il parvient à s’associer avec un ami, un grand créateur à Tokyo. Il créer sa propre collection, sous le pseudonyme d’Aniki.  

Et puis il arrive à 25 ans. Sa mère, exaspérée, essai de jeter tous ses vêtements dépareillés, elle le glisse dans des kimonos traditionnels, des smokings, elle essai de cacher ses cheveux blonds, et elle le pousse à des rendez-vous avec des filles de la haute société. Elle veut le marier, au plus vite. Qu’il fonde sa propre famille de petits princes, qu’il arrête de faire l’enfant rebelle. Mais rien n’y fait. Elle désespère, d’autant plus qu’il semble décrocher de ses études. Elle redoute qu’il n’obtienne pas son doctorat, ce serait un tel scandale médiatique. Dans la famille, on est tout en haut de sa branche, jamais en bas, pas même au milieu. Surtout pas quand on est un petit prince. Elle le sait sa mère, qu’elle n’a plus beaucoup de temps devant elle, pour rattraper le coche, et éviter à sa famille, le plus gros scandale de tous les temps. Alors elle ne lui donne plus le choix, à Sora. Elle s’arrange pour le fiancer, avec une fille qu’il n’a jamais vue. Elle prépare tout, la date du mariage, le lieu, tout est scrupuleusement mis en œuvre. Et pour ne pas qu’il s’échappe, elle le met au pied du mur. Soit il épouse la petite Noriko, soit il est définitivement renié de la famille. Elle n’oublie pas de préciser, que ceci inclus une coupure des vivres. Plus de carte bancaire, plus d’argent, plus d’appartement en plein centre de Ginza, plus d’abonnement au centre de fitness, plus de shopping, plus de voyage à travers le monde, plus de coiffeur à 200 000 yens toutes les semaines pour entretenir ce blond platine, rien. Il faut bien imaginer alors, que le petit Sora, même s’il espère tant la liberté qu’il frôle des doigts, il ne peut pas non plus s’imaginer vivre sans tout ce petit confort que lui offre les Takamatsu. Alors s’il ne faut que ça pour conserver sa carte bancaire black, elle l’aura son mariage maman. Jouer le petit prince charmant, il sait faire. Mais ce sera à sa façon.