Me and the Mad woman Ft Kaori

J'avais la boule au ventre, mais quelque part je l'avais cherché. Qui avait dit que c'était une excellente idée d'avoir une aventure avec un professeur ? Personne, pour sûr. Mais entre Kaori et moi, les choses s'étaient faites de façon complètement inattendues. Rien n'avait été vraiment calculé, en tout cas de mon côté... J'ai toujours été un grand passionné de médecine, je suis donc le type d'étudiant à coller les profs une période pour leur poser toutes les questions possibles. Tsubasa-sensei en faisait partie. J'avais eu la chance de l'avoir, tout le monde la connaissait, c'était certainement une des professeurs les plus reconnues à Todai. Elle a eu un parcours brillant, son intelligence dépasse la moyenne et à seulement 31 ans, elle était déjà professeure de médecine à Todai. C'était un parcours de réussites, même si aujourd'hui je la détestais, je ne pouvais pas mentir sur son excellence dans son boulot. Elle était cool, confiante, puis un soir je sentais que les choses pouvaient aller plus loin. Et elles l'ont été. Je me suis considéré comme le mec le plus chanceux de la terre pour être honnête, une femme aussi douée et belle avec moi ? C'était plus fun à ce niveau là, c'était incroyable. Moi qui voulait juste épouser une infirmière à la base...!

Sauf que voilà, après six mois j'ai décidé de partir. Kaori a un tempérament insupportable quand on la connait. En la découvrant, j'ai réalisé à quel point elle pouvait être parfois manipulatrice, voire même tout simplement mauvaise. Pourquoi est-ce que je l'ai aimé ? Je ne sais pas, la fougue du moment, la magie comme dirait certains... On avait les mêmes envies, les mêmes objectifs de carrière, on se correspondait assez bien. Mais j'avais fini par craquer, elle essayait de me contrôler, de me diriger. Au début, j'essayais de faire avec, mais j'ai fini par claquer la porte. C'était rare ce genre de comportements chez les femmes, surtout au Japon. Si on m'avait dit que je tomberai dessus ! Les mecs comme moi sont indomptables, et sans vouloir être misogyne, s'il devait y'avoir un chef dans mon couple, je vous garantis que ce serait moi.
Me voilà maintenant tout bête, un mois seulement après notre séparation explosive, à l'attendre dans la salle des profs pour le rendez-vous annuel de fin d'année, juste avant les examens. Pourquoi c'était elle qui se chargeait de ma promo et pas un autre, allez savoir. Il y'avait quelques professeurs ici et là qui vaquaient à leurs occupations, ou qui accueillaient eux aussi leurs étudiants. Me voilà donc face à un double stress. Celui de chaque année quand les examens approchent, et l'idée que j'ai eu l'intelligence de sortir avec ma prof qui aujourd'hui va me juger et peut-être même, corrigera mes copies d'examens, qui sait.

Je m'adosse à mon siège en soupirant et ouvre un de mes bouquins en attendant. J'essaie de me concentrer mais rien n'y fait. C'est dingue, j'ai l'impression que mes calmants ont de moins en moins d'effet. Peut-être qu'un gâteau au chocolat entier aurait vaincu toute cette angoisse qui s'accumule en moi. Bon sang, je déteste cette période de l'année.

Kaori ne fait pas d’erreur. Jamais. Pas depuis sa plus tendre enfance. Elle a toujours excellée, toujours un coup d’avance, jamais menée par ses émotions ou ses sentiments. Ca, c’est la version officielle. Officieusement, il peut y avoir une faille, une seule fois où elle a décidé de se laisser porter par la passion. Mettons les choses au clair tout de suite, Kaori n’a rien de la femme japonaise typique. Elle serait plutôt européenne de ce côté-là. Notamment dans sa vie amoureuse. Sortir dans un bar, passer une nuit de passion dans les bras d’un parfait inconnu et partir au petit matin avant qu’il n’ouvre les yeux ? Pas de problèmes, elle l’a déjà fait, à plusieurs reprises. A côté de ça, elle avait également eu deux relations sérieuses. Alors non, elle n’était pas du genre à jouer les prudes. Mais un élève ?? Mais qu’est ce qu’il lui était passé par la tête ? Alors oui, Satoru est un, très, bel homme, plus jeune qu’elle ce qu’elle appréciait particulièrement. Brillant, avec de la conversation, un bel avenir. Il cochait toutes les cases quoi. Sauf une, il était un de ses élèves bordel !! Il y a quelques mois, lors d’une simple réunion entre eux deux, ça avait dérapé. Et ça n’avait pas duré qu’une seule nuit, noooon, ce serait trop simple. 6 mois. 6 mois de relation caché. Ce fut amusant, stimulant autant sur le plan physique que mental.

La lune de miel a duré 6 mois avant que tout n’explose en plein vol. Mais ça, il fallait s’y attendre. Kaori a pour habitude de ne pas se laisser faire, elle dirige et on obéit, quitte à manipuler les autres. Et ça, Satoru l’a supporté quelques mois avant de claquer la porte. Enorme choc pour la jeune femme qui avait toujours été celle qui mettait fin à ses relations. Une remise en cause ? Pas du tout, elle restait persuadée d’être dans son bon droit. Elle était comme ça, si ça plaisait pas, merci au revoir (ce qu’il a fait). L’histoire aurait pu s’arrêter là, ne gardant que les bons souvenirs. Mais non…non. Parce que, je le répète, il s’agissait de son élève ! Et on en revient au plus gros problème, le fait de le croiser régulièrement, de donner des cours à sa promotion et, cherry on the cake comme dirait les rosbifs, en plus de ça il a fallut que ce soit à elle que revient le devoir de s’occuper de sa promo. Quitte à se fourvoyer avec un élève, elle aurait pu en choisir un d’une autre promo non ? Non.

Bref, revenons en au moment présent, un mois tout juste après leur fracassante rupture. Jusqu’à présent, ils avaient pu plus ou moins s’éviter dans les couloirs et les amphi. Mais là….la période des examens approchant, il était de son devoir de recevoir un par un ses élèves, de voir avec eux comment se passait leur internat, discuter de l’avenir etc, etc…Et aujourd’hui, c’était le jour du rendez vous de Satoru. Et histoire de bien enfoncer le clou, son bureau privé était en travaux, alors ils allaient devoir faire ça dans la salle des professeurs avec pas mal de collègues dans le coin. Joie et bonheur.

A 14h15 très précisément, le professeur Tsubasa quitta l’amphithéâtre où elle venait de dispenser son cours à des trois années, traversa le couloir la menant à la salle des professeurs, ses talons claquant sur le sol. Sur son passage, les étudiants la reconnaissait et la saluait respectueusement sans se mettre sur son chemin (sa réputation la précédait, merci bien). Arrivée devant la porte menant à la salle, elle inspira profondément et poussa fermement la dite porte entrant dans la salle, sa blouse volant derrière elle (une enfance à regarder et admirer l’entrée de Severus Snape dans la salle de potion laisse des marques). Elle repéra son étudiant et ex assit à la table l’attendant tranquillement. Elle traversa la salle, salua les quelques collègues qui traînait et laissa tomber ses affaires sur la table avant de s’asseoir.

« Bonjour. Merci d’être venu. »

Sans plus attendre, elle ouvrit le dossier « Watanabe »

« Nous allons passer en revu vos derniers examens et rapport fait par vos supérieurs à l’hôpital. Si vous avez des questions, c’est le moment ou jamais. »

Tout allait bien se passer….

J'étais complètement plongé dans mon bouquin, ne faisant plus attention à ce qui se passait autour de moi. Et là un grand bruit fracassant me fait lever les yeux, sur Kaori qui vient de pousser la porte de la salle si violemment qu'elle a rebondit sur le mur. Marchant tout droit sur son chemin, je détournais le regard et secouais doucement la tête, retenant un soupir. A vrai dire, je ne savais pas si elle était en colère pour une raison quelconque, si elle avait autant de haine que moi de devoir m'affronter au beau milieu de tous ses gens tout en tâchant de rester professionnelle, ou si au contraire elle allait très bien -c'est à dire faisait semblant de l'être- et pénétrait cette pièce tous les jours de cette façon. J'avais presque oublié à quel point elle pouvait ne pas se prendre pour de la merde. Et aussi, je ne vais pas mentir, comment elle était jolie.

Quand je la vois, la colère grandit en moi tandis que je ferme mon bouquin, décroisant mes jambes, prêt à discuter de mon année et mon internat à l'hôpital. Mais j'avais mal au ventre. Juste à cause de ce moment malaisant, je regrettais tout ce que j'avais vécu avec elle. Bien sûr qu'il y'avait eu des bons moments, sinon notre couple n'aurait jamais tenu six mois. Mais je ne sais pas s'ils valaient le coup maintenant que nous n'étions plus ensemble et agrémentions rien que de la rancune l'un envers l'autre. "Bonjour. Merci d’être venu." Assise face à moi, je hausse un sourcil quand je l'écoute parler. Qu'est-ce que c'était que ça. S'apprêtait-elle à me traiter à nouveau comme un simple élève ? Je sentis ma fierté clairement piquée. Ce n'était pas grand chose, m'auraient dit certaines personnes. Mais si. Quand vous aviez été en couple avec Kaori, la moindre petite chose pouvait se transformer en grande colère en vous après l'avoir trop supportée. Et pour un gros rancunier comme moi... Laissez tomber ! Je croise les bras en me mordant la lèvre inférieure, ne la quittant pas du regard. Je ne sais pas si je serais capable de me tenir face à tous ses profs déambulant dans la pièce. "Nous allons passer en revu vos derniers examens et rapport fait par vos supérieurs à l’hôpital. Si vous avez des questions, c’est le moment ou jamais." Voilà qu'elle avait reprit les termes de politesse à mon égard. C'était normal, mais je ne sais pas, je trouvais ce geste si glacial. Elle ne me regardait même pas dans les yeux. J'aboyais :

- Quoi ? Tu vas me parler comme à un de tes petits élèves maintenant ? Ne compte même pas sur moi pour t'appeler à nouveau Sensei ne serais-ce qu'une seule fois.

Je sais, j'étais en tort. C'était débile. Mais aussi plus fort que moi. J'avais encore beaucoup trop de colère à son sujet. De la colère, mais aussi de la déception et beaucoup de tristesse, même s'il était impossible pour moi de le reconnaitre. Je regardais autour de moi, me rappelant du lieu où je me trouvais. Il fallait que je trouve un moyen de rester calme et professionnel. Je me grattais la tempe pensif, une main sur mon estomac et continuais d'un ton un peu plus calme, culpabilisant un peu de mon attaque :

- Je t'écoute.

Lors de son entrée fracassante dans la salle des professeurs, pas un de ces collègues ne broncha. Tout juste ils levèrent la main pour la saluer. Même le tout nouveau stagiaire de mathématiques ne réagissait plus à ses entrées, habitués qu’ils étaient. Hum…elle allait devoir trouver autre chose. Surprendre était son credo.

Si son visage resta neutre et professionnel alors qu’elle s’asseyait à la table, elle devait bien avouer que revoir son ex-amant lui faisait quelque chose. Après tout, ils avaient partagés 6 mois d’une intense relation et même si elle restait sur ses positions (a savoir qu’elle n’avait rien fait qui justifie la fin de cette relation, elle ne comptait pas changer), cela ne signifiait pas qu’elle avait un pincement au cœur en le voyant (oui elle avait un cœur, surprise !) « Quoi ?Tu vas me parler comme à un de tes petits élèves maintenant ? Ne compte même pas sur moi pour t'appeler à nouveau Sensei ne serais-ce qu'une seule fois. » Okay, fin de la nostalgie, en quelques mots il venait de l’énerver. Non mais il lui prenait quoi de parler plus fort qu’un murmure au milieu de la salle des professeurs ?  Ce n’était ni le lieu ni l’endroit enfin !

« Shhh ! Mais enfin ne hurle pas ainsi ! Et, quoique tu en penses, tu restes un de mes élèves alors je m'adresserais à toi en conséquence. »

Hum…au temps pour le côté professionnel. Inspiration, expiration. Un coup d’œil lui apprit que, chanceux qu’ils étaient, l’éclat de voix n’avait alertés personne et les rares professeurs qui traînaient encore dans le coin ne leur prêtait pas la moindre attention.

« Hum.. même si cela t’arrache la gorge, je vais te demander d’utiliser mon titre quand tu t’adresses à moi. Tu sais bien que si quelqu’un n’a ne serait-ce qu’un doute, on risque gros toi et moi. »

Eh oui, même s’il était majeur et que leur différence d’âge n’était pas si énorme que ça, elle restait son professeur et dans une université telle que Todai, même la moindre rumeur était étouffée pour éviter une mauvaise réputation. Et elle tenait à son poste, merci bien.
Elle devait bien avouer sue ça lui faisait mal qu’ils s’entre déchirent comme ça. Mais à peine un mois après leur séparation, que pouvait-elle espérer de plus ?

« Je t’écoute. » Oui, bien, revenons en à nos mouton comme dit l’expression. Alors…hum…son dossier oui (le premier qui dit qu’elle était un peu perturbée se retrouve avec une analyse de 40 pages sur les maladies du rein chez l’enfant à lui rendre la semaine prochaine. Ah ! ça calme n’est-ce pas ? )

"Votre dossier est excellent. Les retours de vos médecins référents à l'hôpital sont bons également. Au niveau du classement de la promo vous êtes dans le top 5. Je n'ai aucunes inquiétudes concernant les prochains examens."

Ah ! voilà le retour de la professionnelle. Et même si un petit diable en elle aurait voulu qu'il soit en difficulté afin de l'engueuler joyeusement et d'asseoir sa réputation de prof sans pitié (quoi ? Ne jugez pas, elle est humaine !), elle devait bien reconnaître qu'il était brillant et même qu'elle était fière de lui, de son parcours. (mais ça, elle ne l'avouera jamais, même sous la torture !)

"La pédiatrie vous donne toujours satisfaction ? Pas de doutes concernant le choix de la spécialité ? Comptez-vous finir votre internat à l'hôpital de Tokyo ou profiter des programmes d'échanges que nous avons avec d'autres hôpitaux ? "

Allez, que cet entretien en finisse !Elle ne savait même pas comment elle réussissait à rester calme.

"Shhh ! Mais enfin ne hurle pas ainsi ! Et, quoique tu en penses, tu restes un de mes élèves alors je m'adresserais à toi en conséquence." Oui, ça piquait mon orgueil, même si elle avait parfaitement raison. C'était aussi ma faute depuis le départ, de m'être lancé dans une relation avec elle... Je m'étais toujours dis que si elle devait se terminer, on resterait en bons termes et on serait assez matures pour dépasser nos différents. Tu parles... Ca c'était ce qu'on pensait au beau milieu d'un nuage rose. Une fois qu'on était dans la réalité, ce n'était pas la même affaire. "Hum.. même si cela t’arrache la gorge, je vais te demander d’utiliser mon titre quand tu t’adresses à moi. Tu sais bien que si quelqu’un n’a ne serait-ce qu’un doute, on risque gros toi et moi." Oui, on risquait gros. Très très gros, sans compter la réputation derrière. Je serais sans aucun doute viré avant la fin de mes études et elle aussi, n'en parlons même pas. Elle qui était au centre de tous les honneurs... Serait réputée pour être la professeure qui était sortie avec un élève.

Tous les deux, je ne l'appellerai jamais par son statut, je savais que je n'étais pas capable de faire ça. Quitte à paraitre pour un gamin immature, non, je ne pouvais pas. Devant les autres oui en toute évidence... Je ne pouvais pas l'appeler Kaori devant tout le monde, c'était un coup à passer pour l'étudiant irrespectueux numéro un de ma promo... "Votre dossier est excellent. Les retours de vos médecins référents à l'hôpital sont bons également. Au niveau du classement de la promo vous êtes dans le top 5. Je n'ai aucunes inquiétudes concernant les prochains examens." Oui c'est ce que tout le monde me disait, qu'il n'y avait aucun inquiétude à avoir pour les exams, chaque fois, chaque année. Mais mon estomac n'était jamais de cet avis, allez savoir pourquoi. "La pédiatrie vous donne toujours satisfaction ? Pas de doutes concernant le choix de la spécialité ? Comptez-vous finir votre internat à l'hôpital de Tokyo ou profiter des programmes d'échanges que nous avons avec d'autres hôpitaux ?"

- Oui, je veux toujours m'engager dans la pédiatrie, ça n'a pas changé. Après mes études je veux vraiment rejoindre une association pour aider les enfants dans le besoin.

C'était un projet que j'avais à coeur depuis longtemps, mais au final il était vrai que je ne lui en avais jamais parlé.

- Il y'a quelques voyages qui sont prévus d'ici quelques années, pour les Médecins sans Frontières... Je prévois de m'y inscrire. Mais je resterai exercer au Japon pour sûr, à Tokyo. On verra bien quel hôpital m'acceptera...

Quand on sortait de Todai, en général, la ville entière avait confiance en vous. Bien sûr, elle se méfiait de votre jeunesse et votre manque d'expérience... Mais venu d'une université d'élite, certaines entreprises déroulaient le tapis rouge.

- Je vais finir mon internat dans cet hôpital, mais je ne pense pas que j'y travaillerai. A vrai dire, il y'a une personne là-bas avec qui j'ai du mal et le pire qui puisse m'arriver serait être sous ses ordres pour le restant de ma vie.

Je lui faisais un discret clin d'oeil après ma pique mesquine. Pour être honnête, c'était bien plus vrai que méchant. J'avais encore trois années devant moi pour être diplômé et annoncé comme Pédiatre. J'aimais bien cet hôpital, puis Yukio y était interne avec moi, les enfants étaient adorables alors je restais... Mais dès mon diplôme en poche, je pense que je me rendrai plutôt dans un hôpital privé ou à l'hôpital de Tokyo. C'était à étudier.

- J'ai appris énormément de choses à l'hôpital, être interne est une meilleure expérience que de rester cloitrer dans un livre. Le travail est comme je m'y attendais, mais le plus dur, ce sont les enfants malades auxquels on doit mentir alors qu'on sait qu'ils ne seront plus des nôtres d'ici quelques mois.